STAGE CNV - Introduction à la Communication Non Violente - Modules 1,2,3
Décembre 2021 - Montpellier (34) - Stage de 6 jours animé par un formateur certifié du CNVC ®
Journal de bord / 1.1 - Stagiaire
Pour rappel. Le présent document est un compte rendu de stage, d'expérience. Il est MA vision, de comment j'ai vécu les choses. Ce sont MES jugements et interprétations, MES prises de consciences, MES doutes, MON questionnement. Les notions que je partage au sujet de la Communication Non Violente, représentent ce que j'ai compris du processus. C'est le témoignage d'un apprentissage, d’un parcours, d'un vécu et d'une évolution.
Pour conserver au maximum la confidentialité, les noms et prénoms des formateurs/formatrices, de l’ensemble des équipes pédagogiques (assistant(e)s), des participant(e)s, ainsi que, l’intitulé précis des stages ne sont pas mentionnés.
INTRO
J’écris ce compte rendu en novembre 2023, dans une forme qui s’inscrit dans la manière dont j’organise mon journal de bord sur ce site et pour me rapprocher de ce qui est demandé par Acertif aux parcourants de la certification CNV. Je reviens sur cette période d'il y a presque deux ans avec la mémoire de ce qu'il m'en reste et peut-être moins de précision que dans les comptes rendus des stages suivants chronologiquement. Paradoxalement ce compte rendu pourrait être des plus dense à la mesure des transformations que ces 3 modules de CNV ont amorcés dans ma vie. Il existe bien une version hyper détaillée compilant les notes que j’avais pris pendant le stage.
L'abondance de notes, c’était ma manière de procéder lorsque j’ai commencé à suivre des stages et petit à petit la méthode s’est transformée. La première chose dont j’ai immédiatement bénéficié, c’est de rencontrer des inconnus et vivre une expérience profonde avec eux. Cela faisait longtemps que je n’avais pas goûter à ce contexte. Je me suis souvenu de toutes ces expériences de groupe dans le théâtre. De part ma simple présence à ce stage, je me replonge dans ce que j’ai tant aimé par le passé, le travail avec un groupe, la collaboration, le plaisir, le jeu, l’émotion… et je comprends que cela m’a manqué.
J'étais particulièrement donc bien disposé pendant ce stage à apprendre, découvrir, partager, expérimenter et rencontrer.
Ce n’était pas évident au début de rentrer dans le processus, mais j’avais au minimum lu « Les mots sont des fenêtres ou bien ils sont des murs » de M. Rosenberg, “Le pouvoir du moment présent” d’Ekhart Tolle, “Vivre enfin sa vie” de Franck Lopvet... je ne venais pas les mains vides.
Pour ma part, enchaîner les 3 modules sur 6 jours a contribué à ce que je puisse m’immerger dans la thématique, dans la CNV, à m’imprégner du formateur et des stagiaires. Nous avons vécu une proximité et une intimité très riches, bienveillantes et nous nous sommes vraiment soutenus.
Plutôt que de faire la liste de ce que j’ai découvert pendant ces 6 jours de stage, je propose de raconter plutôt ce qu’il s’est passé ensuite, au retour, car c’est à partir de là que je commence à apprendre vraiment, c’est à dire en pratiquant et en faisant l’expérience de…
LA QUALITÉ DE RELATION / CHANGEMENT DE PARADIGME
En rentrant de Montpellier, après ces 6 jours intensifs de stage, j’étais sur un petit nuage, très inspiré par ce que j’avais découvert, avec un espoir grandissant en moi et avec déjà l’envie naissante de transmettre à mon tour un jour, contribuer, participer.
Je n’ai jamais cherché à « faire » de la CNV en rentrant, j'ai tout de suite été CNV, je dirais plutôt que la CNV qui dormait en moi s’est réveillée et pour de bon.
Le simple fait d’avoir l’occasion de changer mon angle de vue sur une situation, sur l'autre, sur moi-même, est une expérience qui m‘a marqué et qui depuis s’est vraiment développée en tant que nouvelle « compétence » chez moi.
Si déjà dans mon couple, j’avais la chance de vivre une relation basée sur l'authenticité, l’empathie, la responsabilité et la bienveillance, c’est naturellement que très vite à mon retour, beaucoup de relations importantes dans ma vie se sont transformées.
La relation avec moi-même
J’ai continué à la maison, en attendant le prochain stage CNV, à aller chercher des ressources sur le web, notamment en visionnant des heures de vidéos d’Isaâ Padovani, sur la période où il était encore isabelle. Son approche avec le dialogue des différentes parts intérieures, m’a inspiré et m’a aidé à pratiquer la CNV déjà avec moi-même.
J'ai rapidement commencé à accueillir les différentes parts qui se manifestent chez moi dans différentes situations, en m’appuyant sur le processus OSBD pour l'expression de chaque part. J'ai tenté de faire en sorte que les parts, parfois opposées dans les stratégies puissent trouver un espace d'écoute et de négociation, en pratiquant la demande.
J'ai commencé par agir sur la relation avec moi-même, déjà la nommer, l’identifier, la reconnaître.
J’ai cessé de me dévaloriser, j’ai composé avec mes faiblesses, j’ai célébré ce qui m’apparaît comme des atouts, vu la puissance de ma vulnérabilité.
Pratiquer tout cela avec moi-même m’a concrètement entraîné à le faire avec les autres !
Plus j’apprends à entrer en relation et en lien avec moi-même, plus je me sens capable d’être en lien avec les autres.
Je note qu’un changement de paradigme est déjà bien en cours.
La relation avec mon père
Historiquement, j’étais en conflit avec mon père depuis l’adolescence, au regard de l’opposition de nos points de vue politiques, de notre vécu de l’humanité.
Je me suis construit dans cette ambiance de tension, incompréhension, opposition, rejet et au fil des années, la relation était devenue inexistante, nous ne nous parlions plus, on ne se voyait pas.
La relation a miraculeusement reprit vie dès lors que je fus motivé par une intention de qualité de relation avec mon père, dans un accueil de ce qu’il est sans vouloir qu’il soit autre chose, avec de l’écoute empathique quant à sa réalité sans la contester, ni la juger, avec une traduction de ses jugements, de la violence de ses mots, de son énergie en besoins non satisfaits...
Ce que j’ai mis en place petit à petit, sans forcer les choses, avec l’élan du cœur, a eut pour effet :
- déjà et avant tout de faire la paix en moi en nettoyant le conflit
- de m'ouvrir, d'être curieux, à la place de jugeant, de ne plus être dans « le contre »
- d’avoir accès à d’autres parts de mon père que je ne connaissais pas, que je ne voyais pas ou que je n’avais pas vu depuis mon enfance et notamment sa sensibilité sous la carapace de son personnage, nous avons pu nous dire que nous nous aimons, nos regrets, pleurer en se serrant dans les bras.
- de pouvoir être d’accord pour ne pas être d’accord tout en restant authentique, dans la compassion et relié à l’autre
Je me rends compte que je ne lui parle même pas vraiment de la CNV, de ce que je traverse et découvre, juste je suis, je vis, je lui raconte à quel point je vais bien, je mets l’attention sur les choses plus pratiques de ma vie, auxquelles je sais qu’il est plus sensible, cela fait du lien entre nous. Lorsque je lui parle de ces choses pratiques, par exemple les travaux à la maison, le potager, la construction d’un bac à composte, d’un transat, d'un banc en palette, je lui parle indirectement de l’effet qu’a sur moi tout ce que je vis depuis deux ans. Peu importe si je nomme ou non la CNV. Toutes ces choses que je construis maintenant, je ne me les serais pas permises avant. Et ça, c’est le genre de choses que mon père peut voir; je ne sais pas s’il comprend le pourquoi du comment, mais je vois que cela le touche, il est émerveillé de cette manifestation de transformation chez moi dont il prend note avec joie.
Je remarque que même sans une volonté de transmettre directement le processus, il agit par effet de diffusion. Me l’appliquer déjà à moi-même m’apporte de l'apaisement et cela contribue pour tout le monde dans la relation. Ma nouvelle posture dans notre relation ne change pas mon père, c'est juste que l'empathie que je suis capable de lui donner aujourd’hui, lui ouvre la possibilité d'être tout ce qu'il est et non plus la seule part que je voyais chez lui avec laquelle je ne voulais pas être en relation.
Le relation existe de nouveau et elle grandit, c'était inespéré, c'est une réalité.
Voici un exemple concret d'un apprentissage par l'expérience. C’est formateur pour moi de mettre en pratique, en application et de mesurer la transformation, au-delà de comprendre le processus, je le vis. Mes besoins de sens sont nourris à bloc. C’est la première fois dans ma vie que ce que j'apprends m'est utile tout de suite, « à partir de maintenant ».
La relation avec ma mère
La relation est compliquée à la base, impactée par une maladie qui n’a pas permis à ma mère de prendre soin comme elle l’aurait souhaité, de moi enfant, de moi ado, de moi adulte...
J’ai avec elle aussi pris de la distance à un moment donné, car j’ai eu beaucoup de mal à gérer cette posture qui ne me convenait pas de « l'enfant soignant » vis à vis d'elle. J’ai vécu cela à l'époque comme une intrusion dans ma vie et une injustice comparée à ce que je n’avais pas reçu moi-même. Nos échanges étaient vraiment tendus, bruyants, à la mesure des scènes d'engueulade entre mes parents auxquelles j'assistais enfant.
Au retour des modules 1,2,3, la relation ici aussi a pu se déployer autrement que comme elle ne l'avait fait jusqu'ici.
Avec ma mère, mon approche a été différente de celle avec mon père. Je lui ai beaucoup parlé de la CNV. La CNV m'a d'abord permis de poser des limites sur ce que je voulais et ne voulais plus vivre dans les échanges avec elle, sur ce que je pouvais et voulais ou non faire pour elle.
Avec ce recul et ce changement d’angle de vue dont je parle, j’ai pu réaliser que ce sentiment de colère que j’avais vis à vis de ma mère, ne venait pas d’elle directement mais plutôt de mon besoin non satisfait de prendre soin, lorsque je me confronte à mon impuissance à lui venir en aide, parce que je n’en ai pas les moyens.
Cette nouvelle compréhension de moi a mis de la douceur dans la relation avec ma mère, a remis de la tendresse en faisant le tri des responsabilités.
La relation ne s’est pas émancipée autant que celle avec mon père, car il y a un problème de fond avec ma mère que je comprends et que j’appelle « pathologique » et qui limite le champ de transformation, mais quand même il y a des évolutions notables.
J’ai pris le parti de ne plus chercher des solutions pour ma mère, de ne plus être un médicament, de ne plus lui dire ce qui me semble être bon pour elle (pour moi en réalité), j’ai plutôt mis mon énergie à lui parler de la CNV et elle s'y est intéressée.
Je lui ai envoyé des ouvrages de Rosenberg, d’Ansembourg, qu’elle a lu et on en discute. Je lui ai soumis l’idée à un moment donné d’un accompagnement en thérapie CNV et elle qui depuis de nombreuses années ne voulait plus entendre parler de psychologues, elle a commencé un suivi avec un thérapeute CNV et ne manquerait maintenant pour rien au monde ce RDV qui lui fait beaucoup de bien, dit elle.
Nous avons parfois des RDV téléphoniques pour discuter d’une thématique de la CNV, éventuellement faire un mini-exercice. C'est très nouveau comme situation, très étonnant et à la fois pas évident, ni pas toujours agréable à déplier dans un contexte limité par l’aspect « psy », mais cela me donne l’occasion d’apprendre le principe du « PPPP » de Lise Rodien : le Plus Petit Pas Possible. La CNV ici m'a donc également bien inspiré et je vois qu'ici également elle se diffuse de personne en personne et je me sens heureux pour cela.
> D’autres relations ont aussi profité d’une transformation. Je ne rentrerai pas dans les détails pour ne garder que ces deux exemples de mes parents qui me semblent à eux seuls exprimer l’impact du processus sur deux socles de ma vie.
De manière générale, que ce soit avec mon fils, la mère de mon fils, des amis, le processus m’a toujours aidé à pacifier, me relier, apaiser, créer du lien, être créatif, construire, négocier, bref à vivre la relation comme je ne l’avais jamais encore vécu.
> Témoigner de cela, ce n’est pas pour dire voici ce qu’il faut faire, ou regardez ça marche !
Je ne dis pas que je sais quelque chose, je partage simplement, concrètement l'impact dans mes relations de cette pratique que j’essaie de mettre place dans ma vie.
Les grandes découvertes après les modules 1,2,3 sont au fond : je peux reprendre la télécommande de ma vie, selon mes intentions j’ai les moyens d'être en lien, en relation, cela commence par la relation avec moi-même.
L’ENERGIE DU CHANGEMENT DE LA TRANSFORMATION La rencontre avec le processus agit également sur mon énergie.
Plus à l’écoute aujourd'hui de ce qui se vit en moi, plus a l’écoute du coup de ce que l’autre vit, l’énergie du changement, de l’action émerge et je suis particulièrement productif à la suite du stage des modules 1,2,3.
L’expérience de la CNV que nous avons vécue ensemble en tant que stagiaires, nous a garder en contact. Quelques mois après nous avons créer ensemble un groupe de pratique et de partage de la CNV : « Les Douces Ames ». Les séances de ce groupe se sont déroulées en visio car nous sommes aux quatre coins de France. Je détaille cette expérience dans l’article « Groupe de pratique Les Douces Ames », mais en gros il était question que chaque membre anime une séance chacun son tour, l’idée était de partager du contenu autour d'une thématique CNV, de débattre, de faire des exercices, etc... L'expérience à durée une dizaine de mois
Je vais ensuite très vite chercher mon prochain stage CNV, j’en trouve un auquel je m’inscris, avec une thématique qui m’intéresse particulièrement, celle du théâtre.
A la suite de ce stage, mes finances sont dans le rouge, je suis au chômage, pas d’aide pour le financement des formations CNV en France, je me sens un peu dans une impasse. Et si je voulais être formateur CNV, m’inscrire sur le parcours A-certif ? Oui mais ici aussi gros soucis quant au financement ! Je vois rouge et j'ai plein de jugements sur l’argent ! ! ! Puis me vient l'élan d'écrire. Je commence à rédiger un courrier où j’explique d'où je viens, qui je suis, ce qui se passe pour moi depuis que la CNV est entrée dans ma vie, ma situation financière qui me ferme l’accès à l'apprentissage, le fait que je ne suis pas d’accord avec cela, que moi je veux me former. Je termine par une demande : offrir mes compétences en échange de la gratuité des formations. J'envoi ce courrier à l’ensemble des formatrices et formateurs CNV de France, Suisse et Belgique.
Et je reçois plein de réponses, de nombreux contacts se font, des rencontres qui ont débouché sur des projets et des situations au-delà de mes espérances… Et le problème d'argent initialement se transforme en cadeau. Je détaille tout cela dans mon article : « La puissance de la demande », qui retrace le cheminement de cette aventure.
C’est l’énergie du changement et de la transformation donc qui continu d’émerger tout au long de l'année 2022.
Il va y avoir en fin d'année un déménagement depuis la région Parisienne vers la Bretagne que je vis comme une vraie Terre d’accueil, je me sens chez moi peut-être pour la première fois. A l’emménagement, s’ajoute des travaux, notamment pour créer un espace de travail destiné à donner et recevoir des stages, la création d’un potager... beaucoup d'énergie de création et de transformation.
En conclusion, je sens depuis le début, un impact exponentiel de la CNV sur ma vie, c’est vraiment une sensation de diffusion, d'infusion, de décoction. Cela part d’une transformation en moi et agit en cascade sur plusieurs aspects de ma vie.
CONCLUSION
Me voici sur le chemin de la CNV. Je n'ai aucun doute. Je me sens à ma place et je sens que bouillonne en moi une énergie, pleine de vie, de créativité, d'actions et d'espoir pour le présent et donc pour l'avenir et le passé.
Ce que je vis pendant ce stage et ce que je vais vivre ensuite dans la transformation de mes relations est très impressionnant et fonctionne chez moi ! Je ressens tout de suite une envie de diffuser le processus, de le transmettre. J'ai tout de suite conscience que je suis en train de recevoir un cadeau et c'est naturellement que j'ai envie de le partager et de le transmettre à mon tour. Formateur en CNV ? Pourquoi pas ?
Je note chez moi, une difficulté avec le vocabulaire du développement personnel, ce que j'avais commencé à ressentir lors de lecture et en visionnant des vidéos : "les besoins et les stratégies", "l'intention, l'attention", les "je me relie, je me connecte", les "prendre la mesure de...", "les paradigmes", "sérénité, paix", "interdépendance", "recul de la conscience, éveil, spiritualité", "prendre soin, accueillir", "partager, échanger", "élan, aspiration", etc... C'est un facteur bloquant pour moi, à ce stade, pour vivre de la fluidité dans mon apprentissage. Je réaliserai très rapidement aussi que ce type de vocabulaire est souvent un frein pour pouvoir communiquer dans mon entourage sur ce que je suis en train de découvrir et vivre avec la CNV. Je vois l'intérêt de pratiquer le "langage de rue de Girafe", c'est à dire comment traduire avec des mots du quotidien les principes de la CNV, mais je m'en sens pas du tout capable pour le moment. Je me dis qu'un outil servant de traducteur serait intéressant ! (c'est un projet sur lequel je commencerai à travailler en mars 2023...)
L'univers graphique aussi, les peluches, les marionnettes, les dessin enfantins m'agacent, je ne m'y retrouve pas, comme si cela s'adressait un autre public. Je me dis qu'il serait intéressant de se positionner sur cette problématique et qu'il y a matière à faire évoluer tout ça avec une bonne dose de créativité !
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